L’artiste Berlam a récemment sorti le dernier volume de la trilogie ÉNERGIES. Celle-ci a débutée en octobre dernier avec le volume I, s’est continué en fin novembre avec le volume 2, et s’est conclu le 26 mai dernier. Nous avons pris un moment pour en discuter avant l’évènement du 2 juin entourant le lancement d’ÉNERGIES VOL. III.
Essaies-tu toujours d’avoir une approche différente sur tous tes projets? Comme avec Risque
C’est arrivé très naturellement honnêtement, je laisse parler mon cœur. Dans cette période-là de processus créatif j’étais comme « ah, pourquoi pas essayer l’anglais » surtout que mon anglais n’est pas si pire malgré mon accent. Je voulais trouver cette balance, comment m’exprimer en anglais sans que ça semble corny; pour que ça sonne vrai, comme je le fais en français. C’est surtout quand des produceurs te font une prod qui t’es destinée, genre Axel & E.J. étaient venus ici (à son appartement) puis ils m’ont dit « on a une prod pour toi » et j’ai juste dit « okay let’s go! ». Ils ont pensé à moi, ils ont mis cette intention là sur cette création et je trouve ça nice. Je créer tout le temps with a lot of intention behind it, peu importe comment toi tu le vois par la suite.
Tu m’a expliqué plus tôt que ça fait 5 ans que tu fais de la musique, mais on ne retrouve rien sur Spotify qui date de plus d’un an, pourquoi?
J’ai drop un peu avant, mais j’étais trop en train d’essayer de faire des trucs pour moi-même. J’avais une bonne vision, mais c’était impossible. Et puis c’est ça Énergies.
Au de-là d’un projet, c’est ma connexion avec l’underground. C’est Berlam qui sort de sa chambre, je me présente enfin.
Cela ne veut pas dire que je n’étais pas dans une zone de confort, je ne connaissais juste pas mes limites et je ne savais pas encore ce que j’étais capable de faire. C’est en travaillant avec les autres que j’ai appris sur moi-même. Je travaillais aussi avec des gens qui me supportaient, parce qu’au début ça a été tough, surtout les trois premières années et demie. C’était des essais sur essais à collaborer avec des gens.
On faisait des beats ensemble et du jour au lendemain toi tu changes d’idée, ou tu tombes en dépression ou tu dis « ah je veux pu faire de musique ». Quand tu es jeune, c’est tough d’établir des relations à long terme, et puis c’est ça que j’essaie de faire depuis longtemps. Également, il y a beaucoup de gens que j’ai dû écarter à cause de ça. Parce que I was trying to build a long relationship with them, but they weren’t the good people for me. Quand je leur faisais part de mes rêves, they thought I was f*cking crazy. Mais aujourd’hui, tu me vois aller et I might still look crazy, mais j’ai ma façon de m’exprimer.
Et puis je suis encore en train de me chercher et de connecter avec ça. La musique c’est ma thérapie, c’est ma religion, c’est mon repère, c’est plein de choses. I hope I can bring people more and more together with it. Même moi je ne savais pas ce que j’étais capable de faire avec les autres, alors il faut tester et rester soi-même le plus possible. En fin de compte, c’est quoi être soi-même? C’est not think too much. Don’t try to be this, don’t try to be that, just love yourself.
Comme dans Risque quand tu dis « c’est quoi faire du sens? C’est être soi-même. » Cette phrase revient un peu à ça.
Risque ça prend tout son sens. J’ai pris le Risque de commencer mon album avec cette chanson-là, avec un verse en anglais, sur un beat boom-bap. Quand tu te permets de connecter avec toi-même, tu vises haut, tu vises l’impossible.
Est-ce que c’est long pour toi d’écrire et de créer?
Ça peut être vraiment long comme ça peut être vraiment court. Premièrement tous les beats ont été créés plusieurs mois à l’avance, même avant que je sorte Énergies II en fin 2022. Il y en a peut-être un ou deux qui ont été créés en dernière minute, mais quand j’ai commencé Énergies je voulais me laisser du temps. Je voulais créer assez de matériel pour que lorsque je termine un projet, I already got something in stock, I’m not pressured. Je me suis mis dans ce mindset pour pouvoir créer. Même après Énergies III j’ai déjà quelque chose d’autre.
Les volumes énergies, est-ce que c’est un projet ou ce sont des chapitres différents?
Moi je vois ça comme un projet qui est terminé, ou qui commence, ça dépend en fait. C’est-à-dire que maintenant les gens réalisent que c’est un projet. Because it was never really a thing avant qu’il y ait Énergies III, mais je le vois définitivement comme un projet global qui s’appelle Énergies.
Qu’est-ce qui relie Énergies I, Énergies II et Énergies III?
C’est une période de mon art et c’est pour ça que j’y met fin. C’est aussi pour moi une porte ouverte, une page blanche. Ça s’est développé comme ça. It wasn’t this in the first place, je suis pas un génie comme ça, je n’ai pas vraiment réfléchi. Mais ça a créé ça au final just by the fact that I connected with myself. Je crée de la musique pour que dans dix ans on puisse encore l’écouter and it still makes sense. Se dire qu’il ne faisait pas juste chanter, mais qu’il raconte quelque chose. Je parle aussi de la base, comme connecter avec soi-même. C’est ma vision, après tu l’interprètes comme tu veux. C’est ma façon de connecter avec toi. Avec ma musique c’est ça mon but initial, projeter les gens vers leur higher self.
Comment s’est fait la connexion avec SeinsSucrer?
Je travaille avec Remastered de temps en temps, j’aide à la vision. Sam et moi on s’est rencontrés à un moment et on s’est tous les deux stimulés artistiquement. Lui avec Remastered et moi avec mes projets. Je l’aidais avec des clips, j’assistais et j’ai ma caméra et mon équipement aussi. Je réalise mes propres clips donc j’ai déjà une vision et là on réalisait le clip de SeinsSucrer : Doom. C’est à ce moment qu’on s’est rencontré, on n’a pas parlé de musique au début. Moi j’ai mis mon focus sur le tournage du vidéo-clip, puis après il a vu que je faisais de la musique par mes stories.
Un jour il like une de mes story où je jouais au piano, et il l’utilise comme sample sur le beat Désolé où il shoutout tous ses boys. Il a utilisé l’énergie de ce que je disais « désolé si je n’ai pas su te dire je t’aime quand c’était le temps » et il l’a utilisé pour dire je t’aime à tous ses boys.
On a connecté sur quelque chose de très puissant. Il faut prendre en compte aussi que c’était la première fois que je me posais à un piano public et que je me laissais aller de cette manière, et puis là randomly SeinsSucrer a aimé ma story et le lundi d’après il m’envoie « bro j’ai fait une prod ». On n’avait même pas fait de musique ensemble encore, and it started like that. C’est la rencontre la plus organique que j’ai eu au facteur créatif.
Par la suite j’ai pris son go pour faire un feat ensemble, « Intention » justement, c’est le premier beat qu’on a fait ensemble. J’avais book une session avec Kanuk avant même de savoir ce qu’on allait faire. Je vais t’avouer, je le dis pas à beaucoup de gens, mais le sample derrière le beat c’est Céline Dion.
Même le sample de « l’amour de vivre » c’est Céline Dion. Donc c’est pour dire ou je suis allé chercher, j’ai voulu mettre une énergie comme ça derrière le produit final.
C’est un peu la vision des samples these days. Mon but c’est de mettre des artistes québécois de l’avant, de ne pas aller chercher du sampling ailleurs, parce qu’ici on a vraiment une richesse sonore, un message, une connexion, on a tout, ce n’est pas plus compliqué que ça, donc Intention c’est parti de là aussi.
Quand j’ai commencé à écrire ce beat là, je voulais vraiment avoir quelque chose de précis, encore là tout le monde peut le voir à sa manière. Je suis très intentionné dans tout ce que je fais. Je le dis pas à voix haute que je veux le meilleur des gens tout le temps but that’s really why I put this work together.
Je tiens à remercier Berlam pour son temps et pour avoir partager les histoires derrière son art.
Après la discussion, on s’est dirigé vers le Drop Shop & le Out & About Studio pour débuter son lancement d’album.
En fait c’était bien plus qu’un lancement. Le magasin s’est complètement transformé pour recevoir un stage où Axel & E.J. ,suivis par Cosmo, ont ouvert la soirée avec des Dj sets.
Derrière la plateforme, on y retrouvait Petit Bum aux tatouages et DonBarberOcl à la coupe de cheveux.
Hebi et Twentyhundrd du studio Maze travaillent beaucoup avec Berlam lors de la production de ses albums et c’est eux qui ont ensuite pris le relais sur les platines pour s’occuper du son des premières parties, soit Kazz, Milly et Vago.
Pendant leurs performances, on pouvait se promener et découvrir les pop ups de Shadow Wizards, Luvstar, Laze, Tellement Mauvais et Paye-Moi. Un bar était aussi présent à l’entrée avec des choix de breuvages alcoolisés spécifiques.
L’ambiance était très rassembleuse, ce qui semble être important pour Berlam. Il a su bien mettre en œuvre son message pour que chacun se sente à sa place.
Un peu après minuit, tous les gens présents se sont rassemblés pour écouter Énergies Vol. III. Nismo et Berlam ont interprétés Flocons. Young Rose s’est aussi présenté sur scène pour leur chanson Ange. Berlam a donné tout ce qu’il avait pour rendre le lancement mémorable. Un lien invisible réunissait les spectateurs alors qu’on chantait les paroles des chansons avec un sourire aux lèvres.
Je reste encore impressionnée par tout le travail mis derrière cette soirée, et j’ai déjà hâte d’entendre le prochain projet que Berlam nous réserve.
photos prises par @ucancallmepapa et @paquinlouis